Envisagez-vous l’abrogation de la loi LRU ? Par quelles mesures immédiates et à plus long terme, engagez-vous un changement de cap garantissant un fonctionnement des établissements fondé sur une collégialité démocratique et assurant aux universités et laboratoires des financements d’Etat stables et pérennes ?
Je m’engage à associer autonomie et démocratie dans l’enseignement supérieur. La LRU et le pacte pour la recherche seront remplacés par un texte fondé sur les conclusions d’Etats Généraux de l’ESR, ouverts sur la société. Ce texte devra réaffirmer et installer les principes de collégialité propres à l’Université, et les généraliser aux structures fédératives régionales qui permettront d’accélérer la résorption du clivage entre Universités et Ecoles. Le statut dérogatoire de Grand Etablissement sera supprimé. Les moyens du Grand Emprunt seront reconvertis en crédit budgétaires, et l’ANR ne conservera qu’une fraction de son budget actuel, réservé aux actions fortement pluridisciplinaires ou relevant de thématiques prioritaires décidées lors d’un débat démocratique. L’AERES sera supprimée, les évaluations étant conduites par des comités élus aux 2/3 au moins et respectant la diversité des productions scientifiques.
Pour rompre avec le processus inégalitaire actuel des Idex, Labex,…, quelles mesures institutionnelles et quels moyens budgétaires (y compris en emplois) comptez-vous mettre en oeuvre, dès la prochaine rentrée, pour assurer un développement équilibré sur l’ensemble du territoire du service public d’enseignement supérieur et de recherche ? Quels sont les objectifs qui seront assignés à ce service public ?
Le système public de l’ESR doit produire et transmettre les connaissances, en toute indépendance et sur l’ensemble du territoire. Avec les écologistes, je veillerai à conserver un maillage complet, fondé sur des regroupements d’universités ou des structures fédérales démocratiques, tous dotés de moyens fondés sur l’évaluation contradictoire de leurs besoins. L’association des cycles Licence, Master et Doctorat sera réaffirmée, le statut des IUT garanti par la loi. Une loi de programmation budgétaire pour le quinquennat intégrera une augmentation d’1 G€ par an du budget du MESR. Le statut de fonctionnaire n’est pas seulement une garantie du service public, il est aussi un atout pour la qualité du travail de recherche et son indépendance : 5000 postes seront crées chaque année pour résorber la précarité.
Comptez-vous abroger la « réforme » de la formation des enseignants ? Quelles mesures pensez-vous prendre pour engager, dès la rentrée 2012, une tout autre réforme associant une véritable formation professionnelle à une formation universitaire en s’appuyant sur le potentiel des IUFM et des UFR ?
La réforme actuelle impose un véritable parcours d’obstacles et crée les conditions d’une pénurie du recrutement. Il faut refonder totalement l’entrée dans le métier, en articulant étroitement concours, formation initiale et formation continue. EELV propose trois types de concours : le premier aura lieu après la licence et ouvrira sur deux années de formation professionnelle en alternance débouchant sur un mastère. Le deuxième type sera ouvert aux candidats déjà titulaires d’un mastère et le troisième à ceux qui auront une expérience professionnelle reconnue par la Validation des Acquis de l’Expérience : ils donneront droit à une année de formation débouchant sur un mastère d’enseignement et une titularisation. C’est en proposant du temps de formation après le concours que les nouveaux enseignants pourront réellement analyser leurs pratiques, s’initier aux différentes facettes du métier, rencontrer tous les acteurs éducatifs et s’initier à une authentique démarche de recherche.
Une réflexion au sujet de “Réponse d’Eva Joly au mensuel du SNESUP – FSU”
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