La tentative avortée de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), de combattre en justice une décision légitime d’un conseil universitaire, révèle une inquiétante conception de la démocratie universitaire et de l’autonomie de leurs instances. EÉLV appelle la ministre à assurer son rôle de garante de l’indépendance de l’université française et apporte tout son soutien aux organisations étudiantes et à leurs représentant.e.s qui ont su proposer un cadre alternatif adapté à la situation de crise vécue par les étudiant.e.s.
Par un communiqué du 20 mai, Mme Vidal affirmait que son ministère « appuiera les enseignants-chercheurs qui souhaiteront se pourvoir en cassation », suite à une décision du Tribunal administratif (TA) rendue le même jour dans le cadre de l’organisation des examens à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Saisi en référé, le tribunal n’avait fait que rappeler la compétence de la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU) de l’université en matière d’organisation des examens dans l’établissement.
La CFVU, sous l’impulsion de ses élu.e.s étudiant.e.s, avait adopté le 30 avril un cadrage exceptionnel des examens du second semestre, prévoyant notamment la prise en compte des notes pour le contrôle continu et le refus des partiels en ligne en temps réel. Il s’agissait d’une réponse d’urgence visant à protéger les étudiant.e.s les plus touché.e.s par la crise liée à la CoViD-19.
De fait, la crise en cours a aggravé la précarité de nombre d’entre eux/elles, qui ont vu disparaître les « petits boulots », les CROUS et les bibliothèques fermer ; et en l’absence de matériel informatique performant, tou.te.s ne peuvent pas « bénéficier » des dispositifs d’enseignement à distance. La ministre se comporte comme si la continuité pédagogique était une évidence, ignorant (ou feignant d’ignorer) les disparités de situation des étudiants et les trésors de créativité qu’on dû déployer les équipes enseignantes dans cette période.
Pour Laurent Audouin, responsable de la commission Recherche et Enseignement Supérieur d’EÉLV « la solution du « 10 améliorable » mis en place sous l’impulsion des étudiant·es était une mesure d’urgence pertinente, mais il est essentiel de s’engager sur le renforcement de l’accompagnement social et sur la résorption de la fracture numérique, dont la crise actuelle souligne la réalité. Le MESRI devrait s’atteler à cela et soutenir les universités et les CROUS dans leur initiatives, plutôt que s’immiscer dans la vie interne d’un établissement. »
Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles