Europe Ecologie Les Verts a rendu public mi-décembre 2011 son programme d’actions pour les temps qui viennent. Voici les extraits concernant l’enseignement supérieur et la recherche.
Pour plus de détails, lire également les débats de notre Convention nationale «Des régions à l’Europe : perspectives pour reconstruire l’enseignement supérieur et la recherche» – Lyon – Samedi 1er octobre 2011
Retrouvez l’intégralité du projet Vivre mieux : vers la société écologique
VII Pour un véritable service public de l’enseignement supérieur
Pages 56 à 59, lignes 2030 à 2154
Malgré une avalanche de réformes, les faiblesses historiques de l’enseignement supérieur français perdurent, quand elles ne se sont pas accrues : clivage entre écoles et universités, manque de moyens global et fortes inégalités entre filières et disciplines, insuffisance de la pédagogie et de l’orientation face au taux d’échec à l’université.
De plus, la discrimination territoriale explose avec le plan campus et les initiatives d’excellence, qui ne financent que de rares pôles de prestige. Et avec la crise, la paupérisation des étudiants est là qui conduit pour la première fois au recul du taux de poursuites d’études après le bac.
En plus de revenir sur les réformes universitaires qui au lieu d’assurer l’autonomie des Universités les ont mises en concurrence, les écologistes s’engagent à :
Autonomiser les étudiants pour les rendre acteurs de leur parcours
- En transformant en profondeur le système de bourses actuel par une allocation d’autonomie fondée sur un crédit formation de 16 semestres utilisable tout au long de la vie en formation initiale et continue.
- En diminuant les frais d’inscription avec l’objectif de la gratuité du service public de l’enseignement supérieur.
- En installant des éco-campus : rénovation du bâti universitaire, amélioration de l’offre de transports en commun, 70 000 rénovations et 50 000 nouvelles chambres éco-conçues, alimentation bio et équitable, centres de santé, crèches…
- En donnant aux étudiants l’opportunité de s’engager dans la vie citoyenne : maisons de vie étudiante, valorisation de l’engagement associatif, implication dans la politique universitaire…
Donner une véritable ambition à l’orientation et la formation
- En reconstruisant un service public de l’orientation qui accompagne chacun dans la construction de son projet ; garantir 50 % des places en BTS et IUT pour les bacheliers professionnels et technologiques.
- En renforçant la lisibilité des diplômes, les passerelles entre filières et disciplines, en structurant réellement les masters sur deux années, en facilitant la validation des acquis et la reprise d’études.
- En rapprochant fortement les grandes écoles et les universités au sein de pôles territoriaux, en substituant progressivement aux classes préparatoires des parcours renforcés de licence, en recrutant dans les écoles sur dossier et non plus sur concours.
- En réformant la licence, dans une dynamique pluridiscipinaire avec un meilleur accompagnement (tutorat, créations de postes…) et une vraie cohérence pédagogique.
- En développant l’alternance lorsqu’elle apporte une réelle valeur ajoutée aux formations
- En mettant un terme à la politique discriminante envers les étudiants étrangers, en améliorant leur accueil et en renforçant les échanges internationaux.
Garantir un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche de l’échelon régional jusqu’à l’Europe
- En donnant au ministère la possibilité de couvrir enfin l’ensemble des formations post-bac, en lien étroit avec les régions.
- En organisant dès la rentrée 2012 des Etats généraux de l’ESR, qui prépareront notamment le remplacement de la LRU par un texte remettant la démocratie au coeur de l’université.
- En assurant un maillage universitaire régional qui associe les pôles d’enseignement supérieur et de recherche de rang international et un réseau de proximité.
- En développant l’emploi scientifique et en résorbant progressivement la précarité par la création chaque année de 5 000 postes statutaires.
- En créant un statut du doctorant et en reconnaissant le titre de docteur dans les grilles de la fonction publique et dans les conventions collectives.
- En sortant de la logique néo-libérale des processus de Bologne et de Lisbonne pour créer un service public européen de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Savoirs et recherche : une pollinisation réciproque science / société
Les savoirs constituent des biens communs dont le statut est à la croisée des chemins.
D’un côté, les technologies numériques et internet permettent de démultiplier les échanges d’information, donc d’accélérer la diffusion de la culture et l’avancée des connaissances, tout en expérimentant de nouvelles formes de coopération et de travail.
Mais dans le même temps, le capitalisme contemporain cherche à contrôler toujours plus étroitement la production et la circulation des savoirs, et à raccourcir au maximum le temps entre la découverte et la mise de produits sur le marché.
Et les politiques menées ces dernières années ont facilité cette prédation : recherche publique lentement mais sûrement déstructurée sous le couvert fallacieux de l’“excellence”, argent public destiné à l’innovation privée investi sans contrôle, renforcement des droits de propriété intellectuelle hors de tout débat public, progression de la surveillance et la répression des individus…
Les écologistes sont déterminés à rompre avec ces dérives, à mettre en place un nouveau partenariat entre science et société et à agir en faveur de la liberté de circulation et d’accès à l’information.
Le système de recherche public doit être renforcé pour faire avancer les frontières de la connaissance, répondre aux interrogations des citoyens, éclairer les décisions politiques et offrir un levier de transformation de la société.
Il y a urgence à réaffirmer le rôle central de la recherche fondamentale, son caractère public, et à faire émerger un véritable tiers-secteur scientifique.
Il s’agit de passer d’un système fondé sur la constitution de monopoles et l’octroi de droits exclusifs transposant dans le domaine de l’immatériel une logique propriétaire, à un système organisé sur le partage, l’échange, la gestion collective de biens communs, l’attribution de droits collectifs d’usage.
Pour cela, les écologistes s’engagent à :
- Redonner à la recherche publique les moyens d’assurer sa mission de création et de diffusion des savoirs : loi de programmation budgétaire visant à atteindre 1 % du PIB pour la recherche publique civile à l’issue de la mandature (contre 0,8 % aujourd’hui), rééquilibrage au profit des crédits de base en lieu et place du système d’appels à projets sans fin porté par l’ANR et les « investissements d’avenir » du Grand emprunt, évaluation démocratique, collégiale et qualitative (ce qui implique la suppression de l’Aéres), encadrement strict des recours aux CDD et aux heures complémentaires.
- Revaloriser la place des sciences humaines et sociales et des recherches pluridisciplinaires (notamment celles en lien avec l’environnement et les problématiques liées au genre) au sein des organismes publics de recherche, ceux-ci devant être préservés aux côtés d’universités de plus en plus directement engagées dans la recherche.
- Cibler le financement de l’innovation vers les PME (“small business act” français, crédit impôt recherche plafonné, conditionné à l’emploi et privilégiant les projets socialement et écologiquement pertinents) seul moyen de progresser concrètement vers l’objectif de 3 % du PIB pour la recherche et le développement.
- Développer une coopération juste et équilibrée avec le Sud en soutenant par des moyens financiers et logistiques la recherche des pays du Sud, qui contribueront ainsi à l’édification d’une société des savoirs.
- Faire émerger une démocratie scientifique par une politique de partage des connaissances et l’installation d’un Office national indépendant, financé sur fonds d’État, chargé de mettre en débat public les grands choix en matière scientifique.
- Développer les recherches basées sur une collaboration entre les laboratoires de recherche publics et les organisations de la société civile, comme les Picri en Ile-de- France.
- Garantir une expertise publique autonome et contradictoire en créant une Haute autorité de l’alerte et de l’expertise, mettre en place un statut véritablement protecteur des lanceurs d’alerte.
- Promouvoir le partage des biens communs et la protection des droits des internautes, en abandonnant les politiques répressives et sécuritaires de type DADVSI, HADOPI ou ACTA et en encourageant l’utilisation des logiciels libres et l’emploi des formats ouverts, en inscrivant dans la loi la neutralité du net. Il faut par ailleurs développer l’accès libre aux biens publics par la numérisation du patrimoine et la mise en place d’exceptions aux droits de propriété intellectuelle tenant compte de l’intérêt général.
Eléments du projet concernant l’ESR abordés dans d’autres chapitres
Page 49-50 lignes 1794 à 1796 D’ouvrir, pour les étudiants dans l’hexagone, des “maisons des originaires des outremers” dans les grandes villes universitaires pour atténuer le déracinement et lutter contre l’échec universitaire.
VI Garantir aux enseignants la maîtrise de leur métier :
Page 56 lignes 2018 à 2028
- Arrêter les suppressions de postes dans l’Éducation nationale et organiser la titularisation des personnels précaires (en particulier dans l’enseignement supérieur).
- Refonder la formation initiale et continue des enseignants de la maternelle à l’Université, diversifier les concours de recrutement et réformer leur contenu en les plaçant à l’entrée du master.
- Réformer de façon concertée le système d’affectation et de promotion pour sécuriser le parcours des débutants, encourager la formation d’équipes stables, ainsi que la mobilité des professeurs chevronnés vers l’éducation prioritaire et la prise de responsabilités.
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Page 61 lignes 2201 à 2210 Améliorer la santé des jeunes en développant l’offre de “Pass contraception”, en créant un “Chèque santé” de 200 euros par an pour les 16-25. La prise en charge des soins dentaires et optiques sera améliorée. À l’université, seront ouvertes des Maisons de santé étudiantes avec un tiers-payant systématique, ainsi que des bureaux d’aide psychologique universitaire. Renforcer et étendre à tous les jeunes travailleurs, apprentis, stagiaires, volontaires.. des programmes ERASMUS et ERASMONDE . Appuyer les projets alternatifs portés par les jeunes (bio, coopératives solidaires sur les circuits courts ou la culture alternative, économie sociale et solidaire, etc.), via des aides d’État au développement de la micro-finance.
Page 74 lignes 2648 à 2650 Valoriser les parcours étudiants et professionnels à l’étranger : renforcement de l’appui à la mobilité notamment dans le cadre scolaire et universitaire ; mise en place d’un guichet pour l’aide au retour
Et de manière transversale, les écologistes prévoient de mobiliser la recherche publique sur tous les axes de leur projet pour aboutir à la reconversion écologique de la société.